AIDS 2022: Un Californien semble guéri du VIH après une greffe de cellules souches, Mardi 2 aout 2022

Un Californien semble guéri du VIH après une greffe de cellules souches

Photo ©Steve Forrest/Workers’ Photos/IAS.
Dr Jana Dickter à AIDS 2022. Photo ©Steve Forrest/Workers’ Photos/IAS.

Un homme du sud de la Californie, surnommé le patient de la Cité de l'Espoir, semble être la dernière personne à avoir été guérie du VIH après avoir reçu une greffe de cellules souches d'un donneur présentant une mutation rare, ce qui porte le total à cinq, selon une présentation faite à AIDS 2022.

Le patient de la Cité de l'Espoir est un homme d’origine caucasienne de 66 ans chez qui le VIH a été diagnostiqué en 1988. Il a commencé un traitement antirétroviral à son tout début au milieu des années 1990. En 2018, on lui a diagnostiqué une leucémie myélogène aiguë.

Début 2019, à l'âge de 63 ans, il a reçu une greffe de cellules souches d'un donneur non apparenté présentant une double mutation CCR5-delta32, qui élimine les récepteurs utilisés par la plupart des souches de VIH pour pénétrer dans les cellules. Avant l'intervention, il a suivi une chimiothérapie de conditionnement de petite intensité, conçue pour les patients plus âgés et moins en forme.

Il a poursuivi son traitement contre le VIH pendant deux ans après la greffe. À ce stade, avec une charge virale stable et indétectable, il a décidé avec ses médecins d'essayer une interruption de traitement très surveillée.

Plus de trois ans après la greffe - et plus de 17 mois après l'arrêt des antirétroviraux - l'homme n'est toujours pas porteur du VIH et sa leucémie est également en rémission.

Il est plus âgé que les autres personnes précédemment guéries après une telle procédure, vit avec le VIH depuis plus longtemps et a reçu un régime de conditionnement moins dur avant la greffe. Cela suggère que cette approche pourrait être possible pour un sous-ensemble plus large de personnes séropositives atteintes d'un cancer avancé, mais elle est malgré tout loin d'être réalisable pour la grande majorité des personnes vivant avec le VIH.


Les adolescents et les femmes qui sont victimes de violences sont plus vulnérables au VIH et moins en mesure de le contrôler.

Professeur Lucie Cluver à AIDS 2022.
Professeur Lucie Cluver à AIDS 2022.

Des antécédents de violence conjugale et/ou d'abus sexuels sont associés à une moins bonne adhésion au traitement anti-VIH chez les adolescents vivant avec le VIH. Les femmes récemment victimes de violences conjugales étaient trois fois plus vulnérables au VIH, selon deux études africaines.

La professeure Lucie Cluver a présenté les résultats d'une étude longitudinale portant sur 1046 adolescents (âgés de 10 à 19 ans) séropositifs en Afrique du Sud. Ceux-ci ont été interviewés à trois reprises entre 2014 et 2018.

Trente-sept pour cent des participants ont signalé des antécédents de violences conjugales ou d'abus sexuels. Environ la moitié des participants (51 %) ont déclaré une adhésion constante au traitement contre le VIH. Après avoir pris en compte d'autres facteurs, la violence conjugale était associée à une plus mauvaise observance, tout comme les abus sexuels.

Une deuxième étude a révélé que les adolescentes et les femmes récemment victimes de violences conjugales étaient au moins trois fois plus susceptibles de contracter le VIH et moins à même d'avoir une charge virale indétectable si elles vivaient avec le VIH.

Les chercheurs ont regroupé les résultats d'enquêtes transversales représentatives au niveau national comprenant des informations sur les violences physiques ou sexuelles entre 2000 et 2020. Cinquante enquêtes provenant de 30 pays ont été retenues. Environ la moitié des enquêtes provenaient d'Afrique de l'Est.

Les chercheurs ont regroupé 273 000 réponses aux enquêtes menées auprès de femmes âgées de 15 à 65 ans qui avaient été mariées ou en couple. Trente-deux pour cent des femmes interrogées ont déclaré avoir été victimes de violences conjugales physiques et/ou sexuelles, et 22 % ont déclaré avoir été victimes de violences au cours de l'année précédente.

Après ajustement pour prendre en compte d'autres facteurs, les femmes victimes de violences conjugales au cours de l'année précédente étaient 3,22 fois plus susceptibles de contracter le VIH. Elles étaient également 2,75 fois plus susceptibles d'avoir une infection récente au VIH.

Les femmes séropositives qui avaient été victimes de violences au cours de l'année précédente avaient 9 % moins de chances d'avoir une charge virale indétectable.

Dans l'ensemble, ces études soulignent le besoin urgent et toujours non satisfait d'avoir une prévention efficace contre la violence et de mettre en place des services post-violence à grande échelle.


Un traitement oral de six mois contre la tuberculose multirésistante est fiable et efficace pour les personnes séropositives.

Dr Louisa Dunn, un chercheur secondaire de l'essai clinique TB PRACTECAL consulte un patient en Afrique du Sud. Photo de MSF.
Dr Louisa Dunn, un chercheur secondaire de l'essai clinique TB PRACTECAL consulte un patient en Afrique du Sud. Photo de MSF.

Un traitement oral contre la tuberculose multirésistante (TB-MR) récemment recommandé par l'Organisation mondiale de la santé est efficace et sûr chez les personnes vivant avec le VIH, a-t-on appris lors de la conférence.

Au cours de la dernière décennie, des efforts intensifs ont été déployés pour identifier des traitements contre la TB-MR qui évitent les médicaments injectables, réduisent la durée du traitement et minimisent l'exposition aux médicaments toxiques.

L'étude TB PRACTECAL était une comparaison randomisée à grande échelle entre trois régimes oraux de 6 mois contre la TB-MR, et un groupe témoin qui recevait le traitement standard de l'époque, consistant en une série de traitements oraux et injectables pendant 9 à 24 mois. L'essai a été mené au Belarus, en Ouzbékistan et en Afrique du Sud.

Les participants ont pris de la bédaquiline, du prétomanid et du linezolid (BPaL). Un groupe a pris le BPaL, les autres groupes ont pris du BPaL plus soit de la clofazimine, soit de la moxifloxacine.

Lors de l'IAS 2021, l'essai ZeNIX avait indiqué que le régime BPaL était très efficace pour guérir la TB-MR. Les résultats primaires de l'essai TB PRACTECAL ont montré que le traitement au BPaL en association avec la moxifloxacine avait les meilleurs résultats. En mai, l'Organisation mondiale de la santé a publié des directives recommandant l'utilisation du BPaL plus moxifloxacine comme traitement privilégié de la TB-MR.

La nouvelle analyse s'est concentrée sur les résultats du traitement des 153 participants de l’étude qui étaient séropositifs, la plupart en Afrique du Sud. Les personnes séropositives étaient réparties de manière égale entre les groupes de l'étude, environ 40 % étaient des femmes et le nombre médian de CD4 était d'environ 300.

Le taux le plus faible de résultats défavorables a été enregistré dans le groupe BPaL plus moxifloxacine, où 28 % des participants ont eu un résultat défavorable (défini comme le décès, l'échec du traitement, le retour de la TB-MR ou l'abandon du suivi), contre 40 % dans le groupe de soins classiques.

Les progrès récents ont permis de traiter la tuberculose en un mois seulement et la plupart des formes de tuberculose résistante aux médicaments en quatre ou six mois. Cependant, les militants présents à la conférence affirment que le traitement oral reste hors de portée pour de nombreuses personnes dans les pays les plus touchés.

Treatment Action Group, Partners in Health et Médecins sans Frontières ont lancé la campagne 1 / 4 / 6 x 24 à AIDS 2022 pour inciter les programmes de santé publique à investir suffisamment dans "le personnel, le matériel, l'espace, les systèmes et le soutien" afin que les nouveaux traitements plus courts contre la tuberculose soient accessibles à tous d'ici 2024.


Explorer les déterminants sociaux de la santé chez les jeunes

Des écoliers en Ouganda. Photo du Commonwealth. Licence de Creative Commons. L'image est présentée à des fins d'illustration uniquement.
Des écoliers en Ouganda. Photo du Commonwealth. Licence de Creative Commons. L'image est présentée à des fins d'illustration uniquement.

Les approches biomédicales visant à soutenir les enfants et les adolescents vivant avec le VIH ou exposés au risque de le contracter doivent être accompagnées d'une appréciation du contexte social, politique et économique dans lequel ils vivent, selon une chercheuse éminente.

Le Dr Carmen Logie a présenté une vue d'ensemble des déterminants sociaux de la santé et du VIH chez les jeunes lors du 14e atelier international sur le VIH et la pédiatrie, qui s'est tenu à Montréal avant AIDS 2022. Elle s'est appuyée sur ses propres recherches auprès d'adolescents réfugiés et déplacés en Ouganda, de jeunes indigènes du nord du Canada et de jeunes LGBTQ séropositif en Jamaïque.

Dr Logie a mis en évidence cinq facteurs sociaux clés qui influencent l'engagement dans la prévention et les soins du VIH : l'écosyndème (interactions entre les problèmes de santé biologiques, sociaux, psychologiques et écologiques) ; la stigmatisation croisée (tels que le genre, la sexualité, la race et la classe) ; les pénuries simultanées de ressources (par exemple, l'insécurité alimentaire et hydrique) ; la violence cumulative et chronique ; et les droits et les moyens limités.

Adoptant une vision plus générale du concept de bonne santé, M. Logie a suggéré que les déterminants sociaux de la santé et du bien-être des jeunes incluent : l'épanouissement - vivre une vie épanouie et heureuse ; les liens sociaux et communautaires et la solidarité ; la résilience à plusieurs niveaux au-delà de l'individu ; le bien-être sexuel ; le plaisir sexuel et la positivité sexuelle.


Un nouveau test unicellulaire astucieux lève le voile sur le réservoir du VIH

Dr Eli Boritz à AIDS 2022. Photo ©Steve Forrest/Workers’ Photos/IAS.
Dr Eli Boritz à AIDS 2022. Photo ©Steve Forrest/Workers’ Photos/IAS.

Pour la première fois, des scientifiques ont mis au point un test génétique très sensible qui permet de repérer spécifiquement le minuscule sous-groupe de cellules "réservoirs" qui hébergent une infection silencieuse de VIH, en utilisant la nanotechnologie pour détecter leur signature génétique distincte.

Le Dr Eli Boritz a expliqué à AIDS 2022 que la pérennité du VIH tient au fait que le virus se dissimule là où il ne peut pas être détecté par le système immunitaire - en insérant ses gènes dans notre propre ADN au sein d'une petite minorité de cellules qui font parties de notre système immunitaire.

Un élément clé de la plupart des stratégies de traitement du VIH consiste à trouver ces cellules réservoirs. Les chercheurs ont maintenant mis au point une méthode pour induire les cellules réservoirs à révéler leur signature génétique.

Le test comporte plusieurs étapes, chacune impliquant le transport et le tri de cellules individuelles grâce à de minuscules canaux, considérablement plus fins qu'un cheveu. Les cellules sont séparées en fonction des caractéristiques de leur surface, puis stimulées pour produire des longueurs d'ARN. Les chercheurs ont découvert des combinaisons particulières de gènes liées à l'infection cellulaire du VIH.

Cela signifie que nous disposons enfin d'un moyen d'inciter les cellules réservoirs du VIH à révéler leurs signatures génétiques caractéristiques. Comme l'a déclaré le professeur Sharon Lewin, spécialiste des traitements, lors d'une conférence de presse, la découverte d'un biomarqueur de réservoir est "le Saint-Graal". Le nouveau test FIND-Seq pourrait à terme nous permettre de mieux cibler les thérapies curatives et immunomodulatrices du VIH.


Video: Des antibiotiques pour la prévention des IST

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A AIDS 2022, La rédactrice de NAM aidsmap Liz Highleyman s’est entretenue avec les professeures Annie Luetkemeyer et Connie Celum sur la prise d’antibiotiques (doxycycline) en prévention des IST.


Analyse scientifique de Clinical Care Options

Clinical Care Options

Participez à l'analyse scientifique des données présentées à AIDS 2022 grâce à des webinaires rapides d’experts, des résumés de capsules, des webinaires sur-demande, des diapositives et des commentaires de ClinicalThought, assurés par Clinical Care Options.

Etudes essentielles sur le VIH influençant ma pratique après AIDS 2022

Les 3 et 4 août, rejoignez le Dr David A. Wohl ou le professeur Chloe Orkin lors d'un webinaire interactif en direct. Ils vous présenteront une mise à jour rapide des données sur le traitement et la prévention du VIH présentées dans le cadre de AIDS 2022 et répondront à vos questions.