CROI 2021: Un vaccin à ARNm protège les singes contre un virus semblable au VIH, Vendredi 12 mars 2021

Un vaccin à ARNm protège les singes contre un virus semblable au VIH

Diapo de la présentation du Dr Peng Zhang à la CROI 2021.
Diapo de la présentation du Dr Peng Zhang à la CROI 2021.

L’approche de l'ARN messager (ARNm) déjà utilisée pour les vaccins très efficaces Pfizer-BioNTech et Moderna COVID-19 s’est également montrée prometteuse pour la protection contre le VIH, selon une présentation du Congrès virtuel sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI 2021).

Le Dr Peng Zhang, de l'Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), et ses collègues, en collaboration avec Moderna, utilisent des nanoparticules lipidiques, ou petites particules de graisse, pour délivrer des petits brins d’acide nucléique qui communiquent les instructions pour la fabrication de protéines. L’ARNm est présent dans toutes les cellules et joue un rôle de messager, d'où son nom.

Dans cette étude, sept singes macaques ont reçu l'un des deux régimes de vaccination, tandis que sept autres ont reçu des injections de placebo.

Tout d’abord, trois injections d'un vaccin contenant de l'ARNm pour le VIH de sous-type B, le type prédominant en Europe et en Amérique du Nord, ont été administrés à tous les singes sur 20 semaines. Ensuite quatre injections d'un deuxième vaccin mélangeant l'ARNm des sous-types A et C du VIH, prédominants en Afrique orientale et australe, ont été administrés sur 20 semaines. Trois singes ont également reçu des boosters de protéines.

Les singes ont ensuite été exposés par voie rectale à un virus hybride VIH / SIV chaque semaine pendant 13 semaines.

Les sept animaux du groupe placebo ont été infectés en un mois et demi environ, à partir de la deuxième exposition. Tous les singes vaccinés sont restés indemnes de VIH simien pendant environ le premier mois, mais ont ensuite commencé à être infectés; cependant, quelques-uns n’étaient toujours pas infectés à deux mois, après toutes les expositions.

Il y a eu une réduction de 85% du risque d'infection global: une réduction de 76% pour les singes qui avaient reçu les vaccins ARNm seuls, et une réduction de 88% pour ceux qui avaient reçu les vaccins ARNm plus les rappels.

Le dolutégravir est supérieur au traitement de norme chez les enfants et les adolescents


Dr Anna Turkova (à gauche) présente à la CROI 2021.
Dr Anna Turkova (à gauche) présente à la CROI 2021.

Une grande étude internationale présentée à la CROI 2021 a conclu que le traitement à base de dolutégravir était supérieur au traitement à base d'efavirenz ou d'inhibiteur de protéase potentialisé chez les enfants et les adolescents, que ce soit en traitement de première ou de deuxième intention.

Le dolutégravir, un inhibiteur de l'intégrase du VIH, est recommandé comme élément central du traitement antirétroviral pour tous les adultes dans les pays à ressources limitées. La simplification du traitement pour les enfants et les adolescents s'est avérée plus difficile puisqu’il faut doser les médicaments pour les enfants en fonction de leur poids.  La pharmacorésistance chez les enfants en échec de traitement de première intention rend également les choses plus difficiles.

En 2019, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé le dolutégravir pour les enfants, mais la recommandation était qualifiée de "conditionnelle", ce qui signifie que des données supplémentaires sont nécessaires.

L'étude ODYSSEY a comparé le traitement à base de dolutégravir à la norme de soins pour le traitement de première et de deuxième intention chez les enfants et les adolescents pesant 14 kg et plus. Elle a recruté 311 participants dans le groupe de première intention et 396 dans le groupe de deuxième intention.

Les participants ont été recrutés en Afrique du Sud (20%), en Thaïlande (9%), en Ouganda (47%) et au Zimbabwe (21%), le reste a été recruté en Allemagne, au Portugal, en Espagne et au Royaume-Uni.

Le traitement, parmi les participants randomisés pour recevoir le traitement de norme, était en général à base d'efavirenz pour le traitement de première intention et à base d'inhibiteur de protéase pour le traitement de deuxième intention.

Après 96 semaines de suivi, 14% des participants du groupe dolutégravir et 22% du groupe de soins de norme ont connu un échec clinique ou virologique, une différence statistiquement significative de -8%. Cet effet a été observé pour le traitement de première et celui de deuxième intention.

Il n'y a pas eu de différence dans le nombre de décès ou d'événements cliniques graves entre les deux groupes d'étude, ni dans le nombre d'effets secondaires graves, mais les enfants du groupe de soins de norme étaient plus susceptibles de devoir modifier leur traitement en raison d'un effet secondaire.

«Ces résultats appuient les lignes directrices de l'OMS et la transition vers des traitements à base de dolutégravir pour les enfants sous traitement antirétroviral de première ou de deuxième intention, permettant ainsi une harmonisation avec les programmes de traitement pour adultes», ont conclu les chercheurs de l'étude.

Les personnes atteintes du VIH et de l'hépatite B devraient faire l'objet d'une surveillance continue pour le cancer du foie


Dr H Nina Kim (au centre à droite) présente à la CROI 2021.
Dr H Nina Kim (au centre à droite) présente à la CROI 2021.

Les personnes séropositives coinfectées d’une hépatite B restent à risque de carcinome hépatocellulaire (CHC) malgré le traitement antiviral et devraient faire l'objet d'un suivi régulier pour le cancer du foie, selon une recherche présentée à la CROI 2021.

Les chercheurs ont examiné les données de 8354 personnes coinfectées au VIH et à l‘hépatite B, couvrant la période de 1995 à 2016. 115 cas de CHC ont été recensés dans ce groupe pendant cette période. Un âge avancé, une forte consommation d'alcool et une hépatite C chronique faisaient partie des facteurs indépendants de risque de cancer du foie. Cependant, il n'y avait pas d'association notable avec la charge virale du VIH ou le pourcentage de CD4.

Les données relatives à la charge virale de l'hépatite B étaient disponibles pour environ deux tiers des participants à l'étude. Dans ce sous-groupe, le fait d'avoir un ADN de l'hépatite B supérieur à 200 UI/ml a presque triplé les risques de CHC, et le risque était plus de quatre fois plus grand pour ceux dont le taux dépassait 20 000 UI/ml.

Si l'on examine l'effet du traitement de l'hépatite B, la suppression soutenue du virus de l'hépatite B pendant un an ou plus a été associée à une réduction de 58 % du risque de CHC, tandis que la suppression pendant quatre ans ou plus a réduit le risque de 66 %.

Présentant les résultats, le Dr H Nina Kim de l'Université de Washington à Seattle a déclaré: "Nos résultats soulignent que le traitement antiviral réduit mais n'élimine pas le risque de CHC."

Le dépistage ciblé améliore le diagnostic de la tuberculose chez les personnes séropositives en Afrique du Sud


Dr Limakatso Lebina (en bas) présente à la CROI 2021.
Dr Limakatso Lebina (en bas) présente à la CROI 2021.

Dépister toutes les personnes séropositives et autres personnes à haut risque pour la tuberculose active a augmenté les taux de diagnostic de 17 % par rapport au dépistage des personnes présentant des symptômes potentiels de tuberculose tels que la toux et la fièvre, a indiqué le Dr Limakatso Lebina de l'Université de Witwatersrand lors du congrès de la CROI 2021.

Environ 150 000 cas de tuberculose passent inaperçus chaque année en Afrique du Sud et des individus meurent ou transmettent la tuberculose à d'autres avant que leur maladie ne soit détectée.

Dans la plupart des pays à ressources limitées, le dépistage de la tuberculose consiste à poser des questions aux individus sur leurs symptômes, ce qui ne permet pas d'identifier les cas de tuberculose chez les personnes sous traitement antirétroviral et très peu chez les femmes enceintes séropositives, où 70 % des cas de tuberculose ne sont pas détectés.

Au cours des 15 dernières années, les bailleurs de fonds internationaux et les gouvernements d'Afrique australe ont investi dans la plateforme de diagnostic GeneXpert. L'utilisation en priorité de cette plateforme pour le dépistage de la tuberculose et le dépistage de toutes les personnes présentant un risque élevé de tuberculose a le potentiel d’améliorer les taux de diagnostic.

L'étude TUTT (Targeted Universal Testing for TB) a été conçue pour déterminer si le dépistage de toutes les personnes séropositives, de toutes les personnes ayant des antécédents de tuberculose au cours des deux années précédentes et de toutes les personnes ayant déclaré avoir été en contact étroit avec une personne tuberculeuse au cours de l'année écoulée permettrait d'augmenter les diagnostics de tuberculose de 25 %.

L'étude a été menée dans des cliniques de soins de santé primaires des provinces de KwaZulu-Natal, Western Cape et Gauteng. Soixante cliniques ont été randomisées pour effectuer un dépistage ciblé ou pour faire le dépistage uniquement auprès des personnes présentant des symptômes. L'étude a permis de recruter 32 000 patients dans les cliniques d'intervention, dont 71 % séropositifs.

Les chercheurs ont calculé que les diagnostics de tuberculose ont augmenté de 17 % dans les cliniques d'intervention par rapport aux cliniques de soins de norme au cours de la période de suivi.

Les réseaux sociaux sont essentiels à l'adoption de la PrEP dans les zones rurales du Kenya et de l'Ouganda


Dr Catherine Koss (en bas à gauche) présente à la CROI 2021.
Dr Catherine Koss (en bas à gauche) présente à la CROI 2021.

Les hommes et les femmes très exposés au VIH étaient 57% plus susceptibles de commencer la PrEP (traitement régulier pour prévenir l'infection par le VIH) s'ils avaient un contact dans leur réseau social qui l’avait déjà pris, a déclaré le Dr Catherine Koss de l'Université de Californie, San Francisco, lors de la CROI 2021.

Le projet SEARCH (Sustainable East Africa Research in Community Health) offre des soins de santé intensifiés, un dépistage universel du VIH, un plus grand accès à la PrEP et un traitement antirétroviral aux communautés rurales du Kenya et de l'Ouganda.

Si on pense que le soutien des pairs peut être un facteur crucial dans l'adoption de la PrEP, on sait peu de choses sur l'influence des réseaux sociaux sur l'adoption de la PrEP en Afrique subsaharienne, a déclaré le Dr. Koss

Dans le cadre des activités de dépistage du VIH au niveau de la population, les membres de la communauté ont été invités à nommer des contacts sociaux dans l'un de ces cinq domaines: santé, argent, soutien émotionnel, nourriture ou temps libre. Si les chercheurs ont enregistré les réseaux sociaux de 220 332 personnes, leur analyse s'est concentrée sur 8898 personnes évaluées comme présentant des risques élevés de VIH et ayant au moins un contact dans le réseau. Ce groupe avait une moyenne de 2,15 connexions par personne

Parmi cet échantillon, 14% avaient un contact dans leur réseau qui avait commencé la PrEP l'année précédente et 18% étaient en contact avec une personne séropositive. Au total, 29% des 8898 participants ont commencé la PrEP eux-mêmes.

Les chercheurs ont cherché à savoir si le fait d'avoir un contact sous PrEP dans leur réseau permettait de prédire l'adoption de la PrEP chez un individu. Après avoir pris en compte les facteurs tels que l'âge, le sexe, le fait d'avoir un partenaire séropositif, la polygamie et la mobilité (facteurs prédictifs connus de l'adoption de la PrEP), la réponse a été positive - ils étaient 57 % plus susceptibles de commencer à prendre la PrEP eux-mêmes.

"Les interventions qui s'appuient sur les réseaux sociaux existants et renforcent les liens sociaux avec d'autres utilisateurs de PrEP sont des approches prometteuses pour favoriser l'adoption de la PrEP", a conclu Dr. Koss.