Le Ministère de la santé publique des Etats-Unis recommande la PrEP

Le CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies) a publié de nouvelles directives qui recommandent d’envisager la prophylaxie pré-exposition pour toutes les personnes séronégatives ayant un partenaire sexuel séropositif.

Les directives recommandent également la PrEP à tous les hommes gays qui ont eu une infection sexuellement transmissible ou qui ont eu des rapports sexuels sans préservatif au cours des 6 derniers mois avec une personne exposée à des risques élevés de VIH, à toutes les personnes qui ont eu des rapports sexuels sans préservatif au cours des 6 derniers mois avec une personne exposée à des risques élevés de VIH, ou à toutes les personnes qui se sont injectées de la drogue ou qui ont partagé le matériel d’injection au cours des 6 derniers mois. Bien que le CDC recommande également de mettre l’accent sur les avantages des préservatifs, particulièrement aux personnes qui n’adhèrent pas régulièrement à la PrEP, il ne déclare pas qu’il faudrait offrir des préservatifs avec la PrEP ou que la PrEP et les préservatifs devraient être utilisés ensemble.

L’agence américaine des denrées alimentaires et des médicaments (Food and Drug Administration (FDA) a approuvé en 2012 l’utilisation du Truvada  (ténofovir plus emtricitabine) en PrEP, mais n’a pas recommandé pour qui la PrEP devrait être envisagée. Le CDC avait déjà publié des directives en 2011, mais celles-ci concernaient uniquement les hommes gays, ne détaillaient pas à quelles personnes la PrEP devrait être offerte, mis à part le fait que ces personnes devaient courir un risque substantiel, et exigeaient la distribution de préservatifs en association avec le PrEP.

Commentaire: L'article du New York Times a noté que les recommandations du CDC “pourraient transformer la prévention du SIDA aux Etats-Unis”. Cependant, l’attitude du personnel de la santé et la volonté des assurances médicales à financer la PrEP seront essentielles à toute expansion de ce qui n’est toujours pas une méthode de prévention largement utilisée.

Impossible d’exclure le risque d’infection d’une personne sous traitement

Bien que le risque de transmission à son partenaire hétérosexuel(le) d’une personne suivant un traitement anti-VIH entièrement suppressif soit peut-être nul, il se peut qu’on ne puisse jamais le prouver, ont dit récemment des chercheurs français. Les scientifiques ont découvert quatre cas de transmission du VIH à un partenaire de sexe opposé, sur 1672 couples, dans des études dont les analyses ont prouvé que l’infection était effectivement issue de leur partenaire et non pas d’une personne extérieure au couple. Trois de ces infections se sont produites dans les six premiers mois de traitement du partenaire séropositif et les quatre se sont produites dans l’année. Les chercheurs ont calculé que si les couples avaient des rapports sexuels sans protection six fois par mois, régulièrement pendant dix ans, le risque probable maximum d’infection se situerait aux alentours de 1,85% , si toutes les quatre infections s’étaient produites dans les six premiers mois, ou 3,7% autrement. Le risque probable minimum serait zéro. Ce résultat est compatible avec une autre étude américaine qui a calculé que, sur 10 ans, le risque se montait à 2%. Ce chiffre correspond cependant à la moyenne des risques, plutôt qu’à un chiffre maximum. Les risques pour les hommes gays n’ont pas pu être calculés dans ces deux études. Il faut noter que ces études n’ont pas calculé les risques de transmission des personnes ayant une charge virale indétectable, et qu’elles peuvent donc comprendre des cas d’échec de traitement.  

Commentaire: Il faut noter que les pourcentages cités, qui se situent probablement à la limite supérieure des risques véritables, pourront changer avec l’expansion de nos connaissances sur l’efficacité du traitement en prévention, et en particulier sur  les risques liés au sexe anal, à la suite des études comme PARTNER. 

L’infection au VIH sous PrEP ne provoquera probablement pas de résistance aux médicaments

Les personnes qui contractent le VIH malgré la prophylaxie pré-exposition n’auront probablement pas de résistance aux médicaments, ont déclaré les chercheurs de l’étude iPrEx.

Dans cet essai révolutionnaire sur la PrEP, les seuls cas de résistance aux médicaments ont concerné les personnes qui avaient une infection aigue de VIH non détectée lorsqu’elles avaient commencé le traitement. Aucun des 48 participants de l’étude ayant acquis le VIH malgré la PrEP ne présentait de mutations de résistance ou de sensibilité réduite à une des deux molécules composant le Truvada, le ténofovir. Chez deux participants à l’essai, une très faible proportion de leur VIH, moins de 1%, était résistante à l’autre molécule, l’emetricitabine, mais il est peu probable que ceci ait un effet sur le succès des traitements ultérieurs.

Commentaire: C’est une bonne nouvelle pour les personnes qui ont peur que l’utilisation de la PrEP, particulièrement l’utilisation irrégulière, engendre une nouvelle vague de pharmacorésistance. Des études de modélisation fondées sur l’épidémie sud-africaine ont indiqué que le taux de résistance dû à la PrEP devrait être 13 à 16 fois plus faible que le taux de résistance dû au traitement. 

Les diagnostics d’IST sont beaucoup plus nombreux chez les personnes qui ne suivent pas de traitement anti-VIH.

Les taux d’infections sexuellement transmissibles sont beaucoup plus élevés chez les personnes séropositives avant le traitement antirétroviral, qu’après, a montré une étude sud-africaine.

L’étude a porté sur 1465 personnes qui ont commencé le traitement antirétroviral au Cap entre 2009 et 2011. Les femmes constituaient 65% de l’échantillon et la moyenne d’âge était de 33 ans. La période couverte par l’étude avant et après la prise du traitement chez les participants était la même. Pas moins de 88% des IST contractées ont été diagnostiquées avant de commencer le traitement antirétroviral, avec les 12% restant survenant une fois que le traitement avait été commencé, ce qui signifie que les taux d’IST étaient 7 fois plus élevés pendant la période précédant la prise de traitement antirétroviral qu’après.  Le fardeau réel des IST pourrait peut-être même être plus élevé, puisque de nombreuses infections auraient été asymptomatiques. Les chercheurs ont ajusté les calculs pour prendre en compte les facteurs tels que le nombre de partenaires sexuels et le nombre de visites à la clinique, mais ils ont malgré tout observé que l’incidence des IST chez les personnes ne prenant pas de traitement antirétroviral était presque deux fois ce qu’on a observé chez les personnes sous traitement. Les IST était 70% plus élevées chez les hommes et deux fois plus élevées chez les personnes de moins de 35ans que chez les personnes plus âgées.

Commentaire: Cette étude n’explique pas exactement pourquoi les personnes séropositives ne prenant pas de traitement antirétroviral ont un taux d’IST deux fois plus élevé. Il pourrait s’agir d’une meilleure surveillance médicale, des effets de l’âge, ou du fait que les personnes sous traitement sont souvent plus malades (les personnes dont le taux de CD4 est moins élevé ont moins d’IST). Il se pourrait également que les médicaments anti-VIH aient un effet direct contre certains IST tels que l’herpès.  Une population non traitée avec une incidence élevée d’IST pourrait expliquer pourquoi le traitement en prévention ne parait pas toujours réduire l’incidence du VIH, puisque les IST rendent les individus plus contagieux.

Le ténofovir en PrEP n’endommage pas les reins à long terme.

La prophylaxie pré-exposition (PrEP) à base de ténofovir est associée à des troubles légers de la fonction rénale qui résolvent lorsque le traitement est arrêté, a observé une étude. Ce fut la conclusion des chercheurs qui étudiaient la fonction rénale chez les injecteurs de drogue qui prenaient du ténofovir en PrEP, dans le cadre d’une étude en Thaïlande rapportée l’année dernière. Dans cette étude, la prise quotidienne de ténofovir, a réduit de moitié les risques d’infection au VIH. Cette étude est importante car les sujets ont pris le ténofovir plus longtemps par rapport aux autres études sur la PrEP (pendant 5 ans dans certains cas). Les participants ont été suivis à 12 mois d’intervalle et les changements dans la fonction rénale ont été comparés entre les 1204 personnes sous ténofovir et les 1209 personnes sous placebo.  La définition adoptée de dysfonctionnement rénal était une clairance de la créatinine inférieure à 50 ml/min: 3,7% des personnes sous traitement correspondaient à cette définition par rapport à 2,2% chez les personnes sous placebo, et la clairance de la créatinine était plus faible entre la deuxième et la cinquième année d’étude. Une baisse significative de la clairance moyenne de la créatinine a été observée dans le groupe de traitement mais pas chez les personnes du groupe placebo. Le suivi des participants qui avaient arrêté de prendre le ténofovir à la fin de l’étude a montré que les troubles de la fonction rénale associés au ténofovir étaient temporaires et qu’ils s’étaient corrigés 20 mois plus tard en moyenne. 

Commentaire: Ceci devrait être relativement réassurant pour les personnes qui s’inquiètent des risques d’effets secondaires chez les personnes prenant du ténofovir ou du ténofovir /emtricitabine (Truvada) en PrEP. Bien que le ténofovir conduise à une baisse continuelle mais lente de la fonction rénale par rapport aux personnes d’âge similaire qui n’en prennent pas, la différence n’est pas énorme et les effets graves sont rares et ne paraissent pas être permanents.  

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Trois femmes kenyanes sur quatre préfèrent les partenaires circoncis

Une étude a observé que les femmes au Kenya ont en général une bonne compréhension de la protection partielle contre l’infection au VIH offerte par la circoncision des hommes. Les participantes ont également perçus les hommes circoncis comme étant plus hygiéniques et prenant plus longtemps à éjaculer. Les trois-quarts des participantes ont déclaré préférer les partenaires circoncis.

La transmission du VIH par le biais d’une dialyse rénale a été signalée par un centre d’Arabie Saoudite

Des infractions aux procédures de contrôle des infections ont été associées à trois transmissions de VIH génétiquement liées chez des femmes recevant une dialyse rénale en Arabie Saoudite. La machine avait été stérilisée pendant 15 minutes seulement entre les patients, au lieu des 45 minutes recommandées, et le patient à l’origine des transmissions avait des symptômes qui suggéraient une infection au VIH mais il n’avait pas été testé.

La PrEP est efficace à 90% chez les personnes qui l’ont prise tous les jours

Une analyse des participants à l’étude Parners sur la PrEP  a montré que chez les personnes prenant du ténofovir, le taux de concentration plasmatique du médicament indiquant une prise quotidienne réduisait les risques d’infection au VIH de 88% et de 91% chez les personnes prenant du  ténofovir/emtricitabine (Truvada). Cependant, 5 personnes parmi les 29 qui ont contracté le VIH, avaient des taux de concentration plasmatique suggestive d’une adhésion régulière.

Le dépistage annuel pourrait avoir un impact important sur l’épidémie du VIH au Royaume-Uni

L’épidémie du VIH au Royaume-Uni pourrait être partiellement réduite par le dépistage annuel des groupes exposés à des risques élevés et par un dépistage unique des autres populations, ont rapporté des chercheurs dans PLOS ONE. Les auteurs ont calculé que cette stratégie pourrait prévenir entre 4 et 15% des infections futures et qu’elle serait extrêmement rentable. Leurs estimations anticipent le niveau actuel d’utilisation des antirétroviraux.

Le choix de la rédaction parmi la presse

Le gouverneur du Iowa signe la réforme de la criminalisation

De Poz magazine

Terry Branstad, le gouverneur du Iowa, a signé dans la loi un système échelonné de détermination des peines qui remplace l’approche uniformisée précédente de la loi pénale au sujet du VIH. Le Iowa est le premier état à abroger sa loi pénale spécifique au VIH.

Conférence “le VIH n’est pas un crime”: Un instantané des points de vues et des perspectives

Du Center for HIV Law and Policy

Un résumé des thèmes soulevés pendant la conférence “Le VIH n’est pas un crime” dans l’état du Iowa, où la loi sur la criminalisation de l’exposition et de la transmission du VIH a récemment été assouplie (voir ci-dessus), note que la criminalisation du VIH fait partie de la justice pénale et sociale en général; que les lois criminalisant le VIH nuisent à la santé publique; et que le travail sur la dépénalisation du VIH devrait refléter la diversité des expériences et des différentes communautés.

La Fondation Gates finance le préservatif féminin

De Wired

La Fondation Bill et Melinda Gates a annoncé le financement de plusieurs projets tentant de réinventer le préservatif. Les propositions portent sur la modification des matériaux et de la texture des préservatifs existants, avec plusieurs suggestions pour trouver un moyen d’imiter de près la peau humaine, l’emploi de la silicone souple et douce et l’utilisation du polyester qui, non seulement serait moins épais, mais aussi plus écologique.

Les rapports sexuels sans préservatif et les hommes gays

De Psychology Today

Michael LaSala, professeur associé de l’Université Rutgers, observe à propos des attitudes culturelles vis à vis de la PrEP : “La réaction alarmante à la PrEP n’est peut-être pas surprenante. Notre culture a toujours eu des mots très durs vis à vis des hommes gays, des femmes et de toutes les personnes autres que les hommes hétérosexuels qui exposent et donnent suite à un appétit sexuel puissant hors du mariage traditionnel.”

La syphilis augmente chez les hommes gays, et aggrave peut-être la propagation du VIH

De Aidsmeds

Les taux de syphilis primaire et secondaire ont plus que doublé aux Etats-Unis depuis le début du siècle, avec une grosse concentration des cas chez les hommes gays et bisexuels. On estime que 50 à 70% des hommes souffrant d’une syphilis primaire ou secondaire sont aussi séropositifs. De plus, un nombre élevé d’hommes contracte le VIH après avoir contracté la syphilis.

Les risques de transmission du VIH: Une révision met à jour les estimations du CDC, rajoute l’impact du traitement et l’utilisation du préservatif.

De Science Speaks

Les auteurs d’un examen complet des données rapportées dans la littérature sur les risques de transmission du VIH par acte, ont mis à jour les dernières estimations, produites par le Centre de Contrôle et de Prévention des Maladies en 2005, et ont ajouté leurs estimations sur la réduction des risques associés aux méthodes de prévention, dont les préservatifs, la PrEP, la circoncision et le traitement du VIH. En même temps, ils ont souligné l’importance de l’accès au traitement et à la prévention pour les personnes exposées aux risques les plus grands.