Novembre 2015

Nouvelles du congrès

Michel Kazatchkine présente à EACS 2015. Image de: mtvisuals.com

La région européenne doit intensifier ses activités de prévention et de traitement, si elle veut atteindre d’ici 2020 l’objectif de l’ONUSIDA de 90% des infections dépistées, 90% des personnes séropositives sous traitement et une charge virale indétectable pour 90% des personnes sous traitement, a déclaré l'envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le VIH/SIDA en Europe de l’Est et en Asie centrale lors de la séance d’ouverture du 15ème congrès européen sur le SIDA à Barcelone le mois dernier.

« L’Europe n’en a pas fini avec le SIDA et il ne faut pas relâcher nos efforts»  a déclaré aux délégués le Professeur Michel Kazatchkine. « Si nous n’intensifions pas nos efforts dans les cinq prochaines années, nous ne serons pas sur la voie de l’éradication du SIDA ». Il a notamment attiré l’attention sur le taux faible de dépistage parmi les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et les taux alarmants de traitement et de rétention dans les filières de soins parmi les personnes séropositives en Europe de l’est, comme étant deux des plus gros problèmes devant être résolus.

Kazatchkine parlait à un des trois congrès internationaux auxquels l’équipe de aidmap.com a assisté.

Le 15ème Congrès Européen sur le SIDA et le 24ème Congrès international sur la réduction des risques ont leurs propres pages sur notre site Internet, où vous pouvez également lire nos bulletins de synthèse sur ces congrès.

Nous avons également assisté au 4ème sommet de IAPAC (Association internationale des prestataires de la santé spécialisés dans le SIDA) : Contrôler l’épidémie du VIH avec les antirétroviraux.

Vous pouvez lire notre rapport sur les présentations détaillant les progrès accomplis vers un meilleur accès au traitement sur notre site.

Au moins 25 000 personnes prennent maintenant la PrEP aux Etats-Unis

Jusqu’à 30 000 personnes aux Etats-Unis prennent peut-être désormais la prophylaxie pré-exposition (PrEP) pour éviter le VIH, a-t-on avisé le 4ème sommet de IAPAC (Association internationale des prestataires de la santé spécialisés dans le SIDA) : Contrôler l’épidémie du VIH avec les antirétroviraux, à Paris le mois dernier.

Une enquête auprès des pharmacies qui dispensent la PrEP a révélé que le Truvada (tenofovir/emtricitabine) a été prescrit en PrEP à 8512 individus depuis le début de 2012, soit deux fois plus de prescriptions que l’année précédente. Le nombre véritable de personnes sous PrEP cependant est considérablement plus élevé.

39% seulement des pharmacies américaines participent à cette enquête, il pourrait donc y avoir eu près de 22 000 prescriptions depuis 2012, si les pharmacies qui ne participent pas ont prescrit la PrEP à un taux similaire aux pharmacies participantes. En plus de la PrEP prescrite en pharmacie, environ 8000 personnes reçoivent la PrEP dans le cadre d’études de démonstration, par le biais du système américain Medicaid ou les programmes d’assistance aux patients opérés par Gilead, le laboratoire fabriquant du Truvada. Ceci correspond à près de 30 000 personnes, cependant le nombre réel est probablement plus faible car il se pourrait que les pharmacies non-participantes prescrivent moins de PrEP et que certaines personnes aient déjà arrêté la PrEP.

En revanche, les conférenciers européens basés en Europe ont exprimé leur frustration au Sommet de l’IAPAC sur la lenteur des progrès pour accéder à la PrEP ici. Jean-Michel Molina, le chercheur principal de l’étude Ipergay, a annoncé que le Ministre français de la Santé a maintenant demandé à un comité d’experts et au Conseil national français sur le SIDA de donner leurs recommandations sur la PrEP » ...pas trop tôt ». Il a dit que c’était une situation dangereuse avec de plus en plus de personnes demandant la PrEP, et, comme une enquête d’AIDES a récemment indiqué, un taux croissant d’utilisation informelle de PrEP et de demandes de prophylaxie post-exposition pour obtenir la PrEP. Sheena McCormack, de l’étude PROUD a déclaré que la crainte des prestataires Européens de PrEP d’avoir une demande excessivement élevée était mal placée. « Je pense que nous aurons du mal à persuader toutes les personnes qui ont besoins de la PrEP qu’elles sont suffisamment à risque pour en avoir besoin » a-t-elle commenté.

Dominique Costagliola de l’ANRS, l’agence française de recherche sur le VIH a déclaré que malgré le fait que 94% des personnes séropositives en France recevaient un traitement antirétroviral, la prévalence du VIH parmi les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes s’élève désormais à 17% et l’incidence annuelle s’élevait à 1,04%, six fois plus que chez les usagers de drogues injectables, et 13 fois plus que chez les femmes qui n’étaient pas d’origine française, les deux autres groupes les plus à risques. « Les MSM en Europe sont dans une situation critique qui n’est pas susceptible d’être contrôlée par une augmentation du dépistage et l’offre du traitement antirétroviral au moment du diagnostic » a-t-elle dit.

Commentaire: Il se peut que la PrEP ne soit pas la solution miracle qui réduit le taux d’infection chez les hommes gays, il est encore trop tôt pour le dire, bien que Bob Grant d’IPrEx ait présenté certaines données sur San Francisco lors de la même réunion qui suggère qu’elle commençait à avoir un impact sur les nouveaux diagnostics chez les hommes gays. Quel que soit l’impact de la PrEP sur la santé publique, son indisponibilité en Europe commence à être scandaleuse et dangereuse si les hommes gays se tournent vers les achats en ligne ou auprès de leurs amis et commencent à la prendre sans la surveillance nécessaire. La Clinique de Dean St à Londres propose désormais une clinique de PrEP privée et des tests pour les personnes qui achètent la PrEP en ligne et Jean Michel Molina a annoncé lors du congrès européen sur le SIDA qu’une clinique parisienne ferait de même bientôt.

La plupart des ressortissants étrangers séropositifs en Europe ont contracté le VIH dans leur nouveau pays

Une étude présentée lors du 15ème congres européen sur le SIDA le mois dernier a constaté que la majorité des émigrés séropositifs en Europe dont le VIH avait été diagnostiqué au cours des cinq dernières années l’avaient probablement contracté dans leur pays d’accueil plutôt que dans leur pays d’origine.

L’étude aMASE a observé que la proportion d’individus dont la date probable ou documentée d’infection était ultérieure à leur arrivée en Europe, ou à leur déplacement au sein de l’Europe, était plus élevée que la proportion d’individus dont la date d’infection documentée ou probable précédait leur migration et que ceci s’appliquent à tous les groupes dits à risque, à tous les pays d’origine et aux deux sexes. Dans de nombreux cas la date d’infection ne pouvait pas être déterminée. Toutefois, même chez les personnes originaires de l’Afrique subsaharienne, si 22% des personnes séropositives avaient probablement contracté le VIH dans leur pays d’origine, 31% l’avaient contracté dans leur pays d’accueil. La prédominance des infections contractées en Europe était beaucoup plus élevée chez les ressortissants étrangers qui étaient en prédominance gays. 68% des personnes d’Amérique Latine et des Antilles avaient probablement contracté le VIH après avoir émigré et 8% l’avaient contracté avant ; 57% des asiatiques l’avaient contracté avant et 18% après ; 58% des Européens d’Europe de l’est après et 12% avant ; 60% des européen d’Europe centrale après et 8% avant et 60% des européens d’Europe de l’ouest après et 12% avant.

Il est donc entre trois et huit fois plus probable de contracter le VIH dans le pays d’accueil plutôt que dans le pays d’origine. Cependant, ce n’était pas seulement un phénomène particulier aux hommes gays : 36% des hétérosexuels, hommes et femmes, ont contracté le VIH dans leur pays d’accueil et 18% seulement des femmes, et 13% des hommes l’avaient définitivement acquis dans leur pays d’origine. Débora Álvarez del Arco d’aMASE a appelé à des recherches supplémentaires sur la vulnérabilité au VIH des émigrés dans les pays vers lesquels ils émigrent.

Commentaire: Les méthodes employées dans cette étude signifient que la date d’infection est uniquement une estimation dans la plupart des cas, mais néanmoins les résultats sont vraiment surprenants : Même pour les africains hétérosexuels et très fortement pour les hommes gays, l’Europe est désormais un environnement plus risqué du point de vue du VIH que leurs pays d’origine (et les pays d’Europe de l’ouest pour les émigrés de l’Europe de l’est). Cela peut être pour plusieurs raisons : Les émigrés embrassant la nouvelle liberté que leur déménagement leur offre pourrait en être une, une relativement plus grande prospérité pourrait en être une autre. Cependant, le racisme et l’exploitation, y compris au sein des lieux gays, la solitude et l’absence de soutien par les pairs peuvent également jouer un rôle. Une chose est notable : très peu de grandes villes européennes attirant les personnes à risque de VIH produisent suffisamment d’informations sur le VIH et de soutien ciblant les émigrés, en particulier dans les langues autochtones.

Les travailleurs pairs améliorent l’investissement dans les soins VIH des consommateurs de drogue en Ukraine

Un programme novateur dans le cadre duquel les travailleurs de proximité utilisent une approche de gestion des dossiers pour aider les personnes séropositives consommateurs de drogues injectables à s’engager avec les services médicaux et à commencer le traitement antirétroviral semble porter ses fruits, d’après les premiers résultats présentés lors du 24ème congrès international sur la réduction des risques à Kuala Lumpur le mois dernier.

L’alliance Internationale sur le VIH/SIDA en Ukraine s’inquiétait du fait que, malgré l’orientation vers les services de traitement anti-VIH gérés par le gouvernement, peu de personnes prenant des drogues injectables étaient effectivement liées et retenues dans les filières de soins. La nouvelle approche implique une réorientation, effectuée par les travailleurs de proximité, des clients séropositifs des échanges de seringues vers un soutien complémentaire, pour qu’ils s’engagent avec les services de traitement du VIH. L’objectif est d’améliorer la cascade de traitement du VIH pour ce groupe clef à l’épidémie du VIH en Ukraine. Les travailleurs de proximité jouent le rôle de médiateur entre le patient et le médecin, plaidant pour que les patients reçoivent les services auxquels ils ont droit.

Trois quarts des utilisateurs du projet ont collaboré activement avec les soins médicaux, par rapport à 35% des ukrainiens séropositifs utilisateurs de drogues injectables et 26% d’entre eux prenaient un traitement antirétroviral, par rapport à 9%. Ce chiffre est encore trop faible, en partie parce que les personnes dont le taux de cellules CD4 est supérieur à 350 cellules/ mm3 (41% des clients du projet) n’ont pas droit au traitement en vertu des directives du pays en matière de traitement. En outre, des obstacles importants subsistent dans le système de santé : une réticence à traiter les personnes qui continuent à prendre des drogues et des interruptions dans l’approvisionnement en médicaments antirétroviraux.

« Certaines personnes n’aiment pas les médecins et les hôpitaux, en particulier les personnes stigmatisées comme nos clients » a commenté Pavlo Smyrnov de l’Alliance Internationale sur le VIH/SIDA en Ukraine. «  Mais nous avons également entendu des médecins dire à nos clients qu’ils devaient arrêter de prendre de la drogue avant de penser à prendre des antirétroviraux. Dans les cas les plus extrêmes, nous avons même entendu parler de médecins qui demandent aux toxicomanes de signer une déclaration comme quoi ils ne veulent pas commencer le traitement antirétroviral avant d’arrêter de prendre de la drogue ».

Commentaire: Il est encore trop tôt pour s’enthousiasmer sur les projets qui tentent d’encourager la collaboration avec les services de soins en Europe de l’Est et d’améliorer le taux lamentable d’accès aux antirétroviraux et de suppression virale. Les projets de ce type cependant, marqueront un changement si les services nationaux de santé et les ONG commencent à les approuver.

Une enquête dans une clinique de Londres montre l’impact du slamming (Chemsex)

Une enquête à Londres parmi les hommes gays utilisant des drogues pendant les rapports sexuels (chemsex ou slamming) a indiqué un taux élevé de rapports sexuels sans protection et d’hépatite C aussi bien chez les hommes séropositifs que chez les hommes séronégatifs, une grosse utilisation de prophylaxie post-exposition (PPE) et une consommation élevée de drogues injectables.

L’étude, conduite sur une période d’un an, a porté sur 874 hommes qui sont venus au service de soutien pour le chemsex de la clinique 56 Dean Street, une des cliniques de santé sexuelle les plus fréquentées de Londres. 56 Dean Street voit plus de 11 000 clients par mois, 7000 d’entre eux sont des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes dont environ 3000 prennent des drogues. Le services de soutien pour le chemsex voit environ 100 hommes gays par mois. Les hommes qui fréquentent la clinique s’inquiétaient d’eux-mêmes de leur consommation de drogue pendant les rapports sexuels, mais des enquêtes antérieures à Londres ont indiqué qu’entre 19 à 25% des hommes qui fréquentaient les services de santé sexuelle avaient dit avoir utilisé des drogues récréatives pendant des rapports sexuels.

32% des hommes étaient séropositifs (280 hommes). Ceci comprenait 42 hommes qui ne prenaient pas de traitement antirétroviral et la majorité d’entre eux ont rapporté ne pas utiliser de préservatifs (64%). Les participants séropositifs avaient tendance à rapporter une utilisation accélérée de drogues pour les rapports sexuels après leur diagnostic de VIH. Parmi les hommes sous traitement, l’utilisation des préservatifs étaient plus élevée, mais 25% ont rapporté ne par les utiliser du tout et 10% des hommes séronégatifs ont rapporté ne pas les utiliser. 30% des hommes séronégatifs qui étaient venus à la clinique avaient pris la PPE au moins une fois au cours des deux dernières années et 25% l’avaient prise ente deux et dix fois au cours des deux dernières années. Evidemment, le taux d’intérêt pour la PREP était très élevé : 42% des hommes ont exprimé leur intérêt, mais un tiers des hommes ne savait rien à ce sujet.

L’hépatite C était également très fréquente chez les hommes qui fréquentaient la clinique : 12% des hommes avaient eu un résultat positif au test de dépistage de l’hépatite C au moins une fois et plus de la moitié des hommes qui avaient eu un résultat positif étaient séronégatifs (52%). 29% des hommes fréquentant la clinique ont dit avoir injecté des drogues mais 46% des hommes fréquentant la clinique qui avait eu un résultat positif au test de dépistage du VHC ont dit qu’ils n’avaient jamais injecté de drogues. Ceci indique une fréquence élevée de transmission par le biais d’une exposition au sang pendant l’activité sexuelle.

Commentaire: Ce groupe d’hommes est une sélection d’hommes utilisant la clinique de 56 Dean St qui se sont portés volontaires et étaient explicitement préoccupés par leur consommation de drogues pendant les rapports sexuels, ils ne seront donc pas représentatifs des utilisateurs de la clinique ou des hommes gays de Londres en général. Dans un sens, cela n’a pas d’importance : il s’agit d’un instantané des hommes gays les plus vulnérables au Royaume-Uni, ceux que l’étude iPrEx appelle « à risque imminent de VIH ». Même dans cet échantillon, l’étude a trouvé un sous-groupe encore plus à risque : ceux venant d’être diagnostiqués comme ayant le VIH, qui peuvent également faire partie de la minorité ne prenant pas de traitement, et dont le taux aberrant de risques et de consommation de drogues nous informe sur leur santé mentale, leur état de crise et le type de soutien dont ces hommes ont besoin à ce moment là. Ce dont on a besoin maintenant est une enquête longitudinale des usagers de la clinique pour établir pendant combien de temps ces périodes de risque sont maintenues et quels types de services de prévention répondraient au mieux à leurs besoins pendant ces périodes.

Une perte de densité osseuse modeste est observée chez les jeunes prenant du Truvada en PrEP

Les participants à ATN110, un projet de démonstration sur la prophylaxie pré-exposition (PrEP) chez les jeunes hommes âgés de 18 à 22 ans a observé une perte modeste mais significative de densité osseuse après avoir commencé le Truvada, selon les résultats présentés au 15ème congrès européen sur le SIDA. Le ténofovir, un élément du Truvada est en général considéré comme étant sans danger et bien toléré mais on sait qu’il provoque une petite perte de densité osseuse chez les personnes qui le prennent dans le cadre du traitement anti-VIH. En effet, une autre étude présentée pendant le congrès a confirmé que les personnes commençant le traitement anti-VIH perdaient environ 2% de leur masse minérale osseuse au cours de la première année.

La masse osseuse atteint en général son pic au début de l’âge adulte, en général autour de 20ans, âge après lequel elle commence à décliner progressivement. Le pic de la masse osseuse est un indicateur important des risques de fractures plus tard dans la vie, et une réduction de la masse osseuse chez les jeunes pourrait donc être particulièrement significative. L’âge moyen des 110 participants de l’ATN était 20ans.

Les taux de densité minérale osseuse (DMO) étaient plus faibles que prévus au départ, en dessous des normes pour cet âge et la race/ethnicité. La DMO était inférieure au seuil des normes internationales indicatives de masse osseuse faible dans la colonne vertébrale de 8,1% des participants, dans la hanche de 6,1% participants, et dans le corps entier de 3,7% des participants. Six mois après avoir commencé le Truvada, la densité osseuse a diminué d’environ –0,2% dans la colonne vertébrale, de – 0,4% dans la hanche et de -0,8% dans le corps entier, un chiffre statistiquement significatif dans ces deux derniers cas. A 48 semaines, la DMO a continué de décliner fortement dans la hanche (elle a chuté d’environ -1%) et a continué de diminuer un peu dans le corps entier, mais la DMO a commencé à augmenter dans la colonne vertébrale et a en fait atteint un taux supérieur à celui du début. Cependant, l’adhésion dans ATN 110 a chuté au fil du temps et, à la 48ème semaine, un tiers des participants seulement avaient un taux de médicament sanguin hautement protecteur. La perte de densité osseuse à la 48ème semaine a été corrélée avec l’exposition au ténofovir. Les hommes qui avaient un taux sanguin de ténofovir hautement protecteur avaient une perte de densité osseuse d’environ 1,5% à la 48ème semaine, alors que les personnes dont le taux de médicament sanguin était indétectable voyaient leur densité osseuse augmenter d’environ autant.

Commentaire: Il est important de ne pas trop s’inquiéter de cette étude, car la perte osseuse observée, semblable à celle observée chez les personnes sous traitement antirétroviral, n’était pas cliniquement significative ou associée à des fractures. Malgré tout, nous devons être particulièrement attentifs aux effets secondaires des médicaments en médecine préventive, particulièrement parce que les hommes gays qui commencent la PrEP à l’adolescence risquent de prendre et d’arrêter la PrEP continuellement pendant plusieurs années ou toute leur vie. La meilleure situation bien sur serait de conduire des études qui permettraient à d’autres médicaments d’être utilisé en PrEP.

L’hépatite C reste constante chez les hommes gays séropositifs en Europe mais varie selon les régions

Les chercheurs n’ont observé aucun déclin dans le nombre de nouvelles infections à l’hépatite C parmi les hommes séropositifs qui ont des rapports sexuels avec des hommes dans 16 cohortes européennes, selon une présentation lors du 15ème congrès européen sur le SIDA. L’analyse a utilisé les données relatives à presque 6000 hommes dans 16 des 29 cohortes de séroconversion de CASCADE, c’est à dire des personnes pour lesquelles la date d’infection au VIH était bien estimée. Les cohortes étaient inclues si au moins la moitié des HSH participants avaient fait le test de dépistage de l’hépatite C, en utilisant soit le test de détection des anticorps, soit le test de l’ARN du VHC. L’incidence de l’infection au VHC a été calculée en utilisant les deux méthodes. En prenant la moyenne des deux méthodes, sur une période médiane de quatre ans, on estime que plus de 3000 infections environ ont pris place. L’incidence du VHC a augmenté régulièrement, passant de 0,15% par an en 1990 (un homme sur 670 par an) à environ 2% par an (un homme sur 50) en 2014.

Les tendances de l’incidence du VIH variaient selon les régions. Alors que les nouvelles infections au VHC paraissent toujours augmenter en Europe du Sud et en Europe du Nord, l’incidence en Europe de l’Ouest semble s’être stabilisée. Dans une analyse multivariée, les risques d’infection à l’hépatite C étaient plus élevés parmi les hommes qui avaient une charge virale plus haute. L’étude n’a pas trouvé d’association significative avec le taux de cellules CD4.

Commentaire: Il est intéressant de noter que cette étude a repéré une association très significative entre l’hépatite C et une charge virale élevée : il s’agissait de cohortes d’hommes déjà séropositifs, ce n’est donc pas à cause d’une infection simultanée à l’hépatite C et au VIH. Un troisième facteur pourrait en être la cause : des périodes de risques et de vulnérabilité, suggérées par l’étude sur le chemsex ci-dessus, pourraient entrainer à la fois des risques d’infection à l’hépatite C et une adhésion médiocre aux antirétroviraux. Il est possible qu’un taux élevé de VIH dans l’organisme puisse rendre l’hépatite C plus facile à acquérir en vertu des processus inflammatoires. Quelle qu’en soit la raison, les risques d’infections à l’hépatite C chez les hommes gays séropositifs sont maintenant environ les mêmes que les risques d’infections au VIH chez les hommes séronégatifs.

Le reste de l’actualité en bref

EACS est d’accord avec le traitement dès le diagnostic et recommande la PrEP quotidienne ou intermittente

Les nouvelles directives cliniques d’EACS (Société clinique européenne sur le SIDA), publiées lors du 15ème congrès européen sur le SIDA, les rendent conformes au reste du monde en recommandant le traitement anti-VIH dès le diagnostic pour tous les patients. Les nouvelles directives comprennent également une recommandation positive pour la prophylaxie pré-exposition (PrEP), qui la met en harmonie avec les directives des Etats-Unis, de l’OMS et de BHIVA. La PrEP est « recommandée » pour les « hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et les individus transgenres qui ne sont pas toujours constants dans leurs utilisations des préservatifs avec des partenaires occasionnels ou avec leurs partenaires séropositifs s’ils ne sont pas sous traitement » et « peut être considérée » pour les « hommes et les femmes hétérosexuels qui ne sont pas constants dans leurs utilisations des préservatifs et qui sont susceptibles d’avoir des partenaires séropositifs qui ne sont pas sous traitement ». Les directives recommandent de prescrire la PrEP en traitement quotidien ou intermittent, et dans ce dernier cas, elle doit être prise comme dans l’étude Ipergay (une dose double 24h avant les rapports sexuels, et une dose unique sur chacun des deux jours suivants).

Pourquoi le matériel d’injection est-il réutilisé? Les toxicomanes effectuent leurs propres recherches pour découvrir pourquoi

Même dans le contexte de l’accès relativement bon aux services de réduction des risques en Australie, les raisons principales pour lesquelles les consommateurs de drogues injectables réutilisent les seringues ont trait à la commodité des services, la stigmatisation de la toxicomanie, la peur des répercussions et autres facteurs contextuels, a appris le 24ème congrès international sur la réduction des risques. Un des aspects uniques de cette étude est qu’elle a été planifiée, conduite et analysée par les pairs des personnes sur lesquelles les recherches étaient conduites (des consommateurs de drogues actuels ou anciens). Comme la recherche est à la fois qualitative et menée par les pairs, elle peut ajouter la voix des toxicomanes à la question de savoir pourquoi la réutilisation du matériel d’injection se produit.

L’infection récente et les interruptions de médicaments antirétroviraux sont les périodes clefs de la transmission du VIH

Une grosse proportion des transmissions du VIH se produit lorsqu’il s’agit d’une infection récente ou pendant les interruptions de traitement antirétroviral, ont rapporté des chercheurs suisses dans le journal Clinical Infectious Diseases (Maladies infectieuses cliniques). 44% des transmissions pouvaient être associées à une infection récente et 14% pouvaient être attribuées à des interruptions de traitement. Les auteurs estiment que ces résultats représentent un défi majeur pour les stratégies de traitement en prévention.

Le traitement de substitution aux opiacés réduit le nombre de transmissions de l’hépatite C

Une analyse groupée de 25 études a montré pour la première fois que le traitement de substitution à la méthadone ou à d’autres formes d’opiacés chez les consommateurs de drogues injectables réduisait substantiellement le nombre de nouvelles infections à l’hépatite C. Auparavant, ce fait avait clairement été démontré pour le VIH mais pas pour l’hépatite C. La méta-analyse a montré que le traitement de substitution aux opiacés réduit de lui-même les infections à l’hépatite C de 39%, et de 71% s’il est associé à un usage important des échanges de seringues. Cet effet préventif avait déjà été prouvé pour le VIH mais jamais pour l’hépatite C.

Le reste de la presse

Irlande : Les salles d’injection pour les toxicomanes ouvriront l’année prochaine, a dit le ministre

Du Irish Times

Les toxicomanes pourront utiliser des salle d’injection surveillées à Dublin à partir de l’année prochaine, et peu de temps après à Cork, Galway et Limerick, selon le Ministre responsable de la stratégie nationale sur les drogues. Il a également l’intention de décriminaliser la possession d’une petite quantité de drogue, dont l’héroïne, la cocaïne et le cannabis, pour usage personnel, dans le cadre d’un changement radical culturel à l’approche de la toxicomanie.

Le traitement anti-VIH injectable à action prolongé se montre prometteur dans les premiers résultats d’une étude

De Science Speaks

Un traitement anti-VIH d’avenir qui ne dépend pas d’une prise quotidienne parait se rapprocher un peu plus aujourd’hui avec l’annonce des premiers résultats d’une étude, qui montrent que l’association de deux médicaments antirétroviraux administrés par injection une fois par mois ou tous les deux mois est efficace pour contrôler le VIH chez les personnes dont le virus est déjà refoulé. Des études explorant un traitement injectable de PrEP sont également en cours.

Une étude suggère une guérison sans précédent de l’hépatite C en trois semaines

De Science

Une autre victoire éclatante dans la lutte contre le virus de l’hépatite C est peut-être à l’horizon : Une petite étude suggère qu’il serait peut-être possible de guérir certaines personnes en trois semaines seulement.

En pleine crise d’héroïne, les familles caucasiennes recherchent une guerre moins sévère contre les drogues

Du New York Times

Lorsque la guerre à long terme contre les drogues était définie par une épidémie de crack dans les quartiers pauvres, à prédominance noire, la réponse publique a été définie par la tolérance zéro et de lourdes peines carcérales. Aujourd’hui, la crise de l’héroïne est différente, touchant plus les personnes caucasiennes et de classe moyenne. Leurs familles utilisent aujourd’hui leur influence, leur colère et leur peine pour amortir l’approche du pays contre les drogues, en poussant le gouvernement à traiter la toxicomanie comme une maladie et non pas comme un crime.

Pourquoi les microbicides sont-ils encore nécessaires pour la prévention du VIH dans l’ère du traitement en prévention ?

De Body Pro

Où en sommes-nous dans le développement des agents topiques pour la prevention du VIH ? A l’âge de la prophylaxie pré-exposition et du traitement en prévention, est ce que c’est toujours important ? Et si les leçons tirées par les chercheurs de l’étude VOICE (Interventions vaginale et orale pour contrôler l’épidémie), dont on parle le plus souvent comme un échec, aident à rendre les essais plus efficaces à l’avenir, peut-on vraiment parler d’échec ?

Des soins VIH mieux organisés pourraient sauver des vies et des milliards de dollars, prédit un modèle informatique

De Johns Hopkins Medicine

Dans un rapport sur leur modèle épidémique-économique du VIH, publié dans le journal Clinical Infectious Diseases (Les maladies infectieuses cliniques), les chercheurs déclarent que leurs efforts pour encourager les individus séropositifs à consulter régulièrement leurs prestataires de santé et à maintenir un traitement médicamenteux à long terme, pourraient porter davantage de fruits pour éviter la transmission du VIH que les efforts pour augmenter le dépistage seul.

Le ministre de la santé avertit que l’épidémie du VIH en Russie pourrait échapper à tout contrôle

Du Moscow Times

L’épidémie du VIH en Russie pourrait échapper à tout contrôle d’ici la fin de la décennie si le traitement de ce virus dangereux n’est pas étendu, a averti le ministre de la santé du pays.